M. le représentant de la Délégation de la République arménienne
de Paris à Marseille prononce, à son tour, quelques mots et M. le
bâtonnier Estier donne la parole à notre directeur.
DISCOURS DE M. TURABIAN
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Mesdames, Messieurs,
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Je suis très confus de prendre la parole après l'honorable prési–
dent, M. le bâtonnier Estier, après le représentant de la Délégation de
la République arménienne de Paris à Marseille et avant l'éminent
conférencier, le délicieux poète, M. Emile Pignot. Mon audace, ma
hardiesse trouveraient peut-être des excuses auprès de vous si je vous
apprenais, Mesdames et Messieurs, qu'un agréable souvenir m'attache
à mon excellent ami, M. Emile Pignot.
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Vous vous rappelez, mon cher poète, la mémorable journée, il y
a quatre ans, dans la salle des Ingénieurs Civils, à Paris, où.Ja pre–
mière fois vous préniez la parole en faveur de l'Arménie et depuis,
vous n'avez jamais cessé de mettre le talent de votre plume et de votre
parole au service de la plus noble des causes. C'est le général Malle-
terre, l'un des héroïques défenseurs de la Marne, le glorieux mutilé
de la grande guerre, qui présidait votre conférence. Vous avez su alors
émouvoir le cœur des Parisiens et captiver leur sympathie à la cause
de la douloureuse Arménie.
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Aujourd'hui, cher ami, vous allez tenir sous le charme de vos
paroles ce bel auditoire; je suis presque un Marseillais, je crois avoir
la prétention de connaître cette belle âme marseillaise avant tout fran–
che et généreuse. Aucune cause humaine portant en elle le sceau de la
justice ne peut la laisser indifférente; voilà pourquoi je suis sûr et
certain qu'après mes quelques paroles votre succès sera triomphal.
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Mesdames, Messieurs, je ne suis pas conférencier, donc je n'aurai
pas l'impardonnable égoïsme d'abuser longtemps de votre patience et
de vous priver du plaisir de goûter les délices d'un beau discours,
mais avant de passer la parole à l'éminent conférencier, qu'il me soit
permis d'apporter ici quelques preuves de l'attachement et de la fidélité
de l'Arménie à la France pendant la Grande Guerre. Si vous n'y voyez
aucun inconvénient, Mesdames, Messieurs, j'ajouterai la guerre du:
Droit et de Justice.
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Le 5 août 1914, les Arméniens habitant Marseille ont lancé un
appel claironnant à tous leurs compatriotes en leur demandant d'épou–
ser la cause française et de s'enrôler sous le glorieux étendard trico–
lore. De cinq à six cents braves ont répondu à cet appel et ont versé
leur sang sur cette noble terre de France, la plus belle des patries.
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Dix mille volontaires arméniens, sous la conduite de notre héros
national, le Garibaldi arménien, le général-major Antranik et d'autres
Fonds A.R.A.M