L a Question Arméni enne
UNE LETTRE DE M. TURABIAN
Marseille, le 9 novembre 1923.
«
L'Eclair
du 4 novembre publiait un article ayant comme titre :
«
La Question arménienne », sous la signature de M. F . Desvignes.
«
En effet, il existe « une question arménienne » mais non pas
«
métèque », la signification de ce mot m'échappe entièrement, car
dans la langue arménienne un pareil mot n'existe pas, je serai recon–
naissant à l'honorable auteur de l'article de vouloir bien m'initier à
la finesse de cette expression.
«
Quand on est insulté publiquement, la plus élémentaire logique
exige une réponse publique, nous étions dans notre droit d'offensé
pour donner une réplique à la lettre de M. Flaissières, il serait tout
à fait injuste de trouver « une inconvenance » dans les termes adoucis
de notre réponse ; il ne faut pas perdre de vue que nous nous trou–
vons dans le pays le plus démocratique du monde où les Français
aussi bien que les étrangers jouissent des droits égaux, la devise de
la République étant : « Les Droits de l'Homme et du Citoyen », si
vous nous etez les droits du citoyen, la loi française nous permet de
conserver toujours les droits de l'homme.
«
La présence à Marseille des 40.000 Arméniens n'existe que dans
l'imagination des auteurs de l'article du
Petit Provençal
et
l'Eclair,
de Montpellier. Ces messieurs avant d'affirmer une chose feraient
mieux d'étudier les registres du commissariat spécial du port de Mar–
seille, pour ne pas donner libre cours à leur imagination fertile.
«
Oui, en effet, les Arméniens n'étaient que cinq ou six cents à
Verdun ou au Chemin des Dames ; mais, par contre, ils étaient
10.000
au Chemin de Damas et à Marache 150.000 sur les fronts
du Caucase et de la Pologne.
«
La France, noble et hospitalière, n'a pas de leçon à recevoir des
étrangers, nous sommes un des premiers pour le proclamer ; mais,
par une manœuvre habile, il ne serait pas juste de confondre la per–
sonnalité magnanime de la France avec la conduite d'une seule per–
sonne ; on prétendait que 1' « Italie et la Grèce avaient fermé leurs
portes aux Arméniens ». Dans notre réponse nous avons voulu don–
ner un démenti formel à cette affirmation.
Fonds A.R.A.M