je n'ai pas craint de lui faire remarquer que les belles paroles ne nous
suffisaient plus et que le premier acte d'amitié de la Jeune-Turquie
envers la Jeune-Arménie devrait être de livrer au poteau d'xécution les
principaux coupables de la tragédie d'Adana.
Lors de la réception de la Délégation arménienne à bord du navire,
le prince, qui accompagnait la dépouille mortelle de son père à Cons–
tantinople, jura sur son cercueil que justice serait rendue au peuple
arménien et qu'une ère nouvelle de bonheur et de prospérité était
ouverte devant nos deux peuples désormais fraternellement unis. Le
prince Sébaheddine voulut rester fidèle à sa promesse., mais i l se heurta
à la résistance organisée des autres chefs de Jeunes-Turcs, Ahmed-
Riza, Talaat, Enver, Djavid, Mahmout-Chefket, qui réussirent à la
longue à disqualifier auprès des Turcs le seul horrjme de cœur qui se
trouvait parmi eux, en faisant croire aux Turcs que le prince était
vendu aux chrétiens ; dégoûté de tant d'intrigues
:
e|;craignant un atten–
tat contre sa vie, il se retira une seconde fois à Paris où nous croyons
qu'il habite actuellement. Avec la retraite du prince Sébaheddine
l'espoir d'une entente turco-arménienne s'évanouissait, et les Jeunes-
Turcs, débarrassés de l'humanitarisme de cet
j
homme de cœur,
mettaient tout en œuvre pour continuer l'action néfaste commencée
pendant le règne diu Sultan Rouge, qui visait
la complète exter–
mination du peuplie arménien acquis aux jtftfâs libérales de la
démocratie européenne. La Grande Guerre leu^èk fourni l'occasion
inespérée pour eux de faire de l'Arménie turque]un vaste cimetière
avec la complicité tacite de leur alliée, l'Allemagne. Par conséquent,
les Arméniens, fixés sur les intentions de la Turquie à leur égard, ne
pouvaient demeurer de simples spectateurs pendant la conflagration
générale. Leur place, à l'ouverture des hostilités, était désignée
d'avance à côté de la France et de ses alliés, avec l'espoir que la vic–
toire de ces grandes alliées- rendrait l'indépendance à l'Arménie et
mettrait fin, une fois pour toutes, au martyre séculaire de leur race.
Cette conviction avait poussé la colonie arménienne de Marseille à
lancer un appel à nos compatriotes en faveur de la France et de ses
alliées. Nous publions ci-dessous le texte de cet appel qui fut publié
en son temps dans les journaux français et dans toute la presse a rmé –
nienne.
Fonds A.R.A.M