Ayant réalisé certains bénéfices sur quelques lots de pelleteries
envoyés par mon père, j ' a i quitté la Bourse de Commerce pour m'ins-
taller comme fourreur. Dans ma nouvelle entreprise, la tâche était plus
aisée; désormais, j'avais affaire à des âmes sensibles, surtout lorsqu'il
s'agit de l'âme d'une Française, dont le noble cœur bat toujours pour
une cause juste.
Ayant conquis le suffrage féminin, le suffrage des hommes ne faisait
plus de doute : « Ce que femme veut, Dieu le veut », à plus forte rai–
son l'homme; les prêtres connaissent très bien cet irrésistible ascen–
dant de la femme sur l'homme, c'est pour cette raison qu'ils en font
leur alliée. Sans l'appui de la femme, aucune religion ne pourrait rester
.
sur ses fondations. Il est malheureux que nos propagandistes aient
ignoré cette élémentaire vérité; si vous possédez beaucoup d'argent,
utilisez-le pour la cause que vous servez; utilisez surtout le cœur fémi–
nin, la seule force réelle qui assurera la victoire dans notre société
moderne. En voulez-vous une preuve ? Le sourire d'une Armène
Ohanian, la célèbre danseuse arménienne, a fait beaucoup plus pour
gagner le cœur d'Anatole France à notre cause, que tous les discours
de M. Tchobanian.
Maintenant, je me fais un devoir de publier quelques lettres qui
prouveront l'activité inlassable de l'Office national arménien de Mar–
seille, au cours de l'année 1923, pendant l'exode des Arméniens en
France :
PREFECTURE DE L HERAULT
Montpellier, le 2 octobre
1928.
Monsieur le Président de l'Office National
Arménien,
8,
cours Belsunce, Marseille.
Je lis, dans le
Petit Méridional
de ce jour une annonce relative à la
main-d'œuvre arménienne. J'ai eu à faire employer cette main-d'œuvre
par de nombreux viticulteurs; ils en ont été très satisfaits.
Toutefois, je vous serais reconnaissant de n'adresser aucun de vos
compatriotes dans le département de l'Hérault, soit pour des travaux
agricoles, soit pour des travaux quelconques (industriels ou autres)
sans un contrat d'engagement visé par moi et dont je vous adresse un
exemplaire. Vous trouverez du reste des modèles de ce genre au Ser–
vice de la main-d'œuvre étrangère,
11,
rue Sainte-Claire,
Marseille.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir m'accuser réception de
cette lettre sur laquelle j'attire tout particulièrement votre attention,
O F F I C E D É P A R T EME N T A L
de la
MA I N -
D
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ŒUV R E
Fonds A.R.A.M