Au cours de l'hiver de 1917, je reçois une lettre de
M .
Sérovpé
Sevadjian, bijoutier, 56, rue Lafayette, à Paris, qui me priait de me
rendre immédiatement dans cette, ville pour une question nationale
urgente. A mon arrivée dans la capitale, voyant l'hésitation de
M. Sevadjian à me conduire auprès de Boghos Pacha, qui avait mani–
festé le désir de me connaître et d'avoir une entrevue avec moi au
sujet de la formation de la Légion arménienne, je m'adresse directe–
ment à M. Varantian, conseiller de la Délégation, qui a eu la gentil–
lesse, sans tergiverser, de me mettre en rapport avec le chef de la
Délégation. Le résultat de cette entrevue m'a donné la conviction
qu'on m'avait mandé à Paris avec l'unique préoccupation de m'enlever
la liste des volontaires arméniens sur le front français, ni la Délé–
gation, ni M. Sevadjian ne possédant cette liste, pour donner satis–
faction à la demande officielle de M. le Ministre de la Guerre, qui se
proposait de faire un choix parmi, nos volontaires pour servir de cadre.
Ayant mis M. Tchobanian au courant de cette situation, il m'a conseillé
avec insistance de ne pas remettre cette liste
à
Boghar Pacha et il m'a
envoyé, au contraire, au ministère des Affaires Etrangères avec une
lettre de rcommandation pour M. Jean Gout, sous-directeur des Affai–
res Politiques, où il m'a été permis de constater que M. Tchobanian
travaillait sournoisement pour saper l'autorité de notre Délégation.
En somme, je n'étais l'employé salarié ni de la Délégation armé–
nienne, ni du gouvernement français. J'avais dressé par ma propre
initiative, et avec mille difficultés, une liste des volontaires. On voulait
m'enlever un peu cavalièrement le fruit de mon travail sans aucune
autre forme et sans une lettre officielle attestant la source de cette
liste. C'est pour cette raison que, sans m'attarder davantage, je retour–
nais
à
Marseille et je publiais immédiatement mon livre illustré :
«
Les Volontaires Arméniens sous les Drapeaux Français », contenant
la liste en question. Mon premier soin a été de faire parvenir plusieurs
exemplaires de ce livre
à
la Délégation arménienne et au Quai
d'Orsay. Pendant mon séjour
à
Paris, MM. Varantian et Masehian
Khan ne m'ont pas caché leur mécontentement à l'égard de M. Tcho–
banian qui touchait de l'argent à la caisse de la Délégation, sous pré–
texte de faire de la propagande arménienne et qui ne faisait publier
que des articles dans les journaux de Paris pour faire tout simplement
sa réclame personnelle à lui, le plus grand patriote, le plus grand
poète et pourquoi pas le plus grand homme d'Etat de l'Arménie ?
A l'armistice, M. Tchobanian, investi d'une mission officielle auprès
du général Gouraud, de la part de notre Délégation, se rendait à
Beyrouth. Nous ne mettons pas un seul instant en doute la bonne foi
du chef de la Délégation, mais M, Tchobanian, grâce à ses excellentes
relations avec le Quai d'Orsay, savait mieux que personne que cette
mission n'avait aucune raison d'exister depuis la signature de l'entente
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Fonds A.R.A.M