gation, sous le titre : « La Lutte Suprême », qui a cessé subitement,
pour mettre fin à ses intrigues continuelles, Boghos Pacha l'ayant
nommé chef de la Propagande arménienne en France à 2.000 francs
d'appointements par mois. Depuis cette époque, il était devenu l'hum–
ble serviteur de cette Délégation, contre laquelle il avait engagé « une
lutte suprême », Il ne fallait pas beaucoup à M. Tchobanian pour
abandonner sa lutte et son idéal; son intérêt personnel étant satisfait,
l'intérêt de l'Arménie passait, bien entendu, au second plan.
A notre avis, c'était une erreur de la part de notre Délégation de
confier à M. Tchobanian un rôle actif dans la politique arménienne;
nomme très ambitieux, très intrigant et terriblement jaloux, dont l'in–
fluence néfaste et les intrigues sournoises ont été une des causes prin–
cipales de l'animosité entre les chefs des deux Délégations, Boghos
Nubar Pacha et M. Aharonian et un empêchement certain à une
réconciliation et à une bonne entente, suivant l'intérêt suprême de
l'Arménie.
M. Tchobanian détestait visiblement M. Aharonian et ne pouvait
souffrir la haute situation que cette personnalité occupait à la tête de
la Délégation de la République arménienne. Dans ce travail souter–
rain, il était admirablement secondé par son lieutenant, Vahan
Tékéian, un second Tchobanian, poète et rêveur. On frémit à la
pensée qu'à l'Armistice, au moment le plus critique où la destinée de
l'Arménie devait être décidée à la Conférence de la Paix, ces deux
girouettes, ces deux mangeurs de
mouhallebi
occupaient le poste
important de conseiller auprès de Boghos Pacha et que leur hostilité
notoire contre M. Aharonian empêchait les deux Délégations de se
donner la main et de présenter un front unique pour lutter avec une
-
certaine chance de succès contre la coalition turco-juive, conduite par
deux grands écrivains français, Pierre Loti et Claude Farrère, qui
s'étaient donné mission de faire échouer la cause arménienne. Au
moment le plus acharné de la lutte, les Turcs dépensaient sans
compter, à tel point qu'à un seul journal ils versaient 500.000 francs
pour le gagner à leur mauvaise cause. D'après l'aveu même de
M. Noradounghian, à cette époque, non seulement la caisse de notre
Délégation était entièrement vide, mais elle était grevée même d'une
dette de 100.0C0 francs, une avance consentie par notre chef.
Il ne serait pas inutile, pour l'édification de l'opinion publique, de
retracer quelques épisodes de la vie publiq-ie de M. Tchobanian. Pen–
dant les raids de gothas à Paris, en 1915, M. Tchobanian était un des
premiers à quitter la capitale, sous prétexte de donner une conférence
à Marseille, conférence qui a duré plus de deux mois. De cette façon,
il s'était assuré un abri de tout repos, puisque pendant son séjour
à
Marseille la section marseillaise de l'Union Nationale Arménienne
subvenait à ses besoins avec la participation de ses anciens élèves de
l'Ecole Aramian.
Fonds A.R.A.M