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Quand le général-major Antranik est arrivé à Paris, H n'a même
pas eu la velléité de l'ambition qui agitait M. Aharonian, lui, le héros
national, qui avait beaucoup plus de titres à la reconnaissance de ses
compatriotes. Dès son arrivée, il s'est incliné modestement devant l'au–
torité et le prestige d'un chef incontesté, pensant que les intérêts supé–
rieurs de l'Arménie exigeaient ce sacrifice.
Après le traité de Lausanne, après le changement de régime et de
la politique arménienne envers la Russie, Boghos Pacha a très bien
compris que sa mission était terminée. C'est pourquoi, s'étant retiré de
la politique, il se dévoue à des œuvres de bienfaisance. La plus élé–
mentaire logique réclamait cette renonciation. Par contre, M. Aharo–
nian est très tenace. Contre toute espérance, il espère toujours et agit
conséquemment, sans tenir compte que ses agissements actuels vont
à l'encontre des intérêts arméniens.
La République arménienne existe. Un gouvernement légal, maître
de la situation, dirige les destinées de notre patrie. Le peuple armé–
nien estime que notre politique doit être concentrée entre les mains de
ce gouvernement qui assume la responsabilité du pouvoir. Suivant ce
vœu, toute agitation politique doit cesser à l'étranger. Les Arméniens
habitant en dehors de la mère-patrie peuvent se consacrer à des œu –
vres de bienfaisance, à l'instruction de notre jeunesse, au développe–
ment des entreprises commerciales et industrielles erî vue d'apporter
à la Jeune République l'appui moral et financier des colonies armé–
niennes établies à l'étranger.
Nous attendons du patriotisme et de la sagesse de M. Aharonian et
de ses partisans ce beau geste pour le grand soulagement du peuple
arménien.
Fonds A.R.A.M