S E. Boghos Pacha Nubar
Boghos Pacha est le fils du regretté grand homme d 'Etat d 'Egypte,
Nubar Pacha, ancien président du Conseil, que les Egyptiens nom–
maient « le Petit Père », à cause des services rendus à leur patrie par
notre éminent compatriote pendant les pourparlers anglo-égyptiens en
1881,
dont la statue est érigée sur une place publique au Caire, preuve
de la reconnaissance égyptienne envers Nubar Pacha.
Boghos Pacha, ayant suivi une tout autre carrière que son père, était
devenu un brillant architecte, mais le peuple arménien, hypnotisé pa r
la renommée de Nubar Pacha, avait voulu à tout prix que son fils
devînt le chef de la Délégation nationale arménienne. Devant le vœu
unanime de tout un peuple, Boghos Pacha n'avait pas cru de son
devoir de décliner cette invitation, d'autant plus que personne autre ne
jouissait d'un prestige équivalent pour occuper cette haute fonction.
Boghos Pacha ayant vécu exclusivement au contact des Egyptiens e t
des Anglais, il ignorait tout de l'Arménie, jusqu'à sa langue, mais j e
m'empresse d'ajouter, à son grand avantage, que son premier soin, en
assumant la responsabilité de la direction de la politique arménienne,
a été d'apprendre sa langue maternelle et de se mettre au courant de
nos revendications pour se dévouer ensuite corps et âme à la défense
de cette cause.
J'ai un profond respect pour notre vénérable chef et je suis certain
que ses efforts patriotiques auraient été couronnés de succès si de
piètres conseillers et des patriotes de profession ne l'avaient pa s
entouré et induit en erreur. Boghos Pacha n'avait qu'un désir et une
seule ambition, c'était d'être utile à l'Arménie. Aimé et adoré par son
peuple, son prestige suffisait pour faire l'union de tous les Arméniens
autour de sa Délégation. Son âge avancé et sa grande fortune l'invi–
taient au repos et à la tranquillité, mais le peuple arménien lui ayant
confié une mission sacrée,il payait de sa personne et de sa fortune pour
justifier largement la confiance dont il était l'objet. Ayant échoué dans
sa mission à la suite de la vénalité de ses propres conseillers et des
intrigues ourdies autour de sa Délégation de la part de la diplomatie
européenne, cet admirable vieillard se dévoue actuellement aux bon–
nes œuvres et dirige dignement
Y
«
Union Générale de Bienfaisance
Arménienne » qui ne cesse de prospérer et dont le capital actuel atteint
plus de cent millions de francs.
Boghos Pacha jouit toujours d'une grande popularité et, malgré
tout, le peuple arménien lui reste fidèle, sachant qu'il a été le plus
franc, le plus loyal et le plus désintéressé de tous.
Fonds A.R.A.M