LE GÉNÉRAL - MA J OR ANTRANIK
Héros National Armén i en
Le général Antranik est né en 1864 à Chabounkarahissar. Fils d'un
modeste forgeron, il était menuisier de son métier. En 1889, il s'affilie
au Parti social-démocrate hentchakiste ; à cette occasion, il reçoit la
bénédiction de Monseigneur Kibarian, l'évêque arménien de Paris, son
compatriote, à qui il fait serment de se dévouer toute sa vie à la
défense du peuple arménien.
Le généra! Antranik est resté fidèle à son serment jusqu'à sa mort,
survenue le 31 août 1927, en Californie, où ses funérailles ont revêtu
un caractère de grande solennité. Sa dépouile était transportée à
Paris par les soins du gouvernement français.
La colonie arménienne de la capitale l'a accompagnée provisoire–
ment au Père-Lachaise, le 29 janvier 1928, avec tous les honneurs
dus à un héros national, en attendant l'occasion propice pour la con–
duire en Arménie, suivant le vœu du défunt.
J'ai eu le bonheur de connaître le général Antranik à Marseille, à
son retour du front du Caucase; il m'a été donné de vivre quelques
jours dans son intimité, puisqu'il m'honorait de sa confiance et de son
amitié. Ce laps de temps m'a suffi pour étudier ce personnage du
Moyen Age, sur lequel la civilisation moderne n'avait pas réussi à
mettre son empreinte d'hypocrisie et de dissimulation sournoise.
D'une instruction primitive, d'une simplicité proverbiale et d'une fran–
chise presque brutale qui permettaient à un observateur de suivre sur
sa mâle figure tous les secrets de son cœur débordant d'ardeur et de
son âme indomptable, c'était un livre ouvert devant mes yeux et je
n'avais que la peine de tourner les pages pour approfondir la vie de
ce héros romantique qui pendant quarante ans avait été un objet de
cauchemar pour les Turcs et un sujet d'admiration et d'adoration pour
ses compatriotes.
Pendant- que l'Arménie pleure la perte de son meilleur fils, la Tur–
quie pousse un soupir de soulagement et sa presse tout entière
déborde d'une joie malsaine.
Antranik est mort ! Vive Antranik ! Bénie soit la mère qui avait
donné naissance à un pareil lion, dont les rugissements faisaient trem–
bler les assassins jusqu'aux rives du Bosphore. Oui, il est mort !
Fonds A.R.A.M