établissements sont incendiés, détruits et démolis, crie à haute voix:
que ce sont les Turcs qui ont incendié Smyrne . J'ai entendu
de me s
propres oreilles les Turcs qui disaient qu'ils ont mis le feu pour s e
débarrasser et se défaire de la question des minorités.
Les Alliés connaissent très bien cette vérité, mais ils font la
sourde*
oreille, c'est pourquoi dans toutes les conférences qui ont eu lieu d e –
puis l'incendie de Smyrne aucun des alliés n'a osé demander des.
explications sur ce sujet aux délégués turcs ; d'autre part, si les Tu r c s
n'étaient pas auteurs du feu, ils n'auraient pas manqué de pro t es t e r
dans toutes les conférences successives.
L'immense fatalité de Smyrne aurait pu être sinon évitée, du -mo i ns
considérablement diminuée, sans l'intervention d'un double fac t eur
d'illusion
:
la confiance des puissances dans les Turcs et la confiance
des chrétiens d'Orient dans les puissances.
Quand on se rappelle que tout ce que les consuls de Smyrne ima g i –
nèrent fut d'aller pompeusement en uniforme faire remise de la ville
abandonnée au général turc, qui leur répondit, avec une cour toi s ie
tout ottomane, que son épée lui ayant donné la ville, il n'avait p a s
.
besoin djurie telle transmission, on mesure toute la candeur de c e s
excellents agent s ayant tout de suite feuilleté de vieux manuels d i p l o –
matiques sur la conduite protocolaire à tenir en pareille circonstance,
sans le moindre sens de réalités. Ils croyaient naïvement que les chos e s
se passeraient comme elles doivent se passer entre gens civilisés. Com–
ment d'ailleurs auraient-ils pu penser aut rement puisque leurs gouver–
nements, par leurs instructions et leur politique, leur en donnaient:
l'exemple ?
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Qu'on ne dise pas que la tâche dépassait les possibilités humaines,
le « bar rage » de quelques coups de canon sur les routes condu i san t
à Smyrne, ar rêtant l'arrivée de nouveaux contingents turcs, par un
débarquement en force, aurait mis à la raison les faibles effectifs t u r c s
qui se trouvaient déjà dans la ville, " eu s s en t instantanément rétablî
Tordre et sauvé des dizaines de milliers de vies huma ines ; l ' embarque–
ment des chrétiens se fût fait sans panique, sans pillage et sans ma s –
sacre. Les Turcs n'auraient pas pu emmener
tous
les hommes pr i son–
niers, Dieu seul sait vers quelle destinée ! Smyrne serait debout. On
n ' a pa s voulu, on n'a pas osé ! Smyrne n'est plus, le fait est là et t o u t
ça grâce aux braves alliés.
Les alliés,, au lieu d'accomplir leur devoir et leur promesse, ont
lâchement abandonné les innocents arméniens dans les mains de leur
plus grand et séculaire ennemi.
Tou s ceux qui connaissent intimement le peuple arménien savent
fort bien que, loin d'être par tempérament un facteur de destruction,
ce peuple a été constamment et par tout un élément utile, fécond, p r o –
ducteur. Ce sont eux qui, avec les Grecs, ont développé en Turqui e
l'agriculture, l'industrie, le commerce ; les étoffes, les broderies et les;
Fonds A.R.A.M