La Vérité sur la Tragédie de Smy r n e
Par M. le Chanoine Policarpe Scagliarini
Prêtre de la Cathédrale catholique de Smyrne
Ce que j ' a i vu de mes propres yeux, aucune main ni l angue
humaines ne peuvent l'écrire et le dire. Ces moment s désastreux ont été
prédits par une seule personne, le prophète Daniel, lorsqu'il a eu la
vision de la désolation et abomination des Lieux-Saints. Quel ca r –
nage ! ! ! Quelle cruauté ! ! ! Quelle sauvagerie ! ! ! Quelle b a r b a –
rie ! ! ! Ce qui s'est passé à Smyrne en ces jour s pénibles a été opéré
par des mains sanguinaires, qui ne respectent ni droit, ni civilisation,
ni humanité, ni conscience, ni religion; leur unique et seule devise,
c'est de démolir et massacrer.
En premier lieu, ce qui m'intéresse le plus c'est d'affirmer et « a
priori » que l'incendie de Smyrne n ' a pas été allumé par les Arméniens,
comme malheureusement plus d'une personne européenne haut placée,
sans rime ni raison, considérait les Arméniens les aut eurs de l'incendie.
Les Arméniens ne sont pour rien dans l'incendie de Smyrne.
Je vous citerai le témoignage d'un Européen qui recueillit le matin
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septembre de la bouche des fils du maire turc de Smyrne, avec les–
quels il était lié, l'assurance qu'il n'avait rien à craindre, car le feu,
disaient-ils, ne serait mis qu ' au quartier arménien. Le feu fut, en effet,
mis, selon une volonté mûrement préméditée, au quar t ier arménien, le
mercredi un peu avant midi. Avant l'incendie, aucun Arménien ne se
trouvait plus dans leur quar t ier ; la plus gr ande partie qui était enfer–
mée dans l'église Saint-Etienne, était déjà évacuée et transférée à la
cathédrale catholique; une aut re partie assez nombreuse, qui était réfu–
giée dans l'hôpital arménien, était aussi transférée dans les quar t i er s
européens. Ainsi dans le quartier arménien il ne restait plus que les
cadavres des massacrés, les maisons pillées et dévalisées; afin que ces
horreurs ne fussent pas exposées aux yeux des Européens, « le feu
était nécessaire »...
Qua t re jour s avant l'incendie, l'armée turque avait pris position
de la ville; un gouverneur civil et militaire administrait Smyrne, la
police, ainsi que la gendarmerie, fonctionnait dans son plein, donc rien
ne manquai t au gouvernement turc, s'il voulait et avait la bonne volonté
de maîtriser et éteindre le feu. Mais la manière dont les maisons e t
Fonds A.R.A.M