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Le peuple arménien et le peuple grec sont des frères de souffran–
ces; ces deux victimes de la tyrannie turque sont unies dans une
étreinte fraternelle par la haine de leurs ignobles bourreaux. Après les
tiistes événements de Smyrne, l'attitude magnanime de la Grèce,
envers les 200.000 Arméniens, réfugiés chez elle, est au-dessus de tout
éloge. La Grèce, terrassée et ruinée économiquement à la suite d'une
guerre malheureuse contre la Turquie, n'a manifesté aucune mauvaise
humeur pour protéger et abriter les Arméniens sur son sol; elle n'a
fait aucune distinction entre Grecs et Arméniens pour secourir les
malheureux réfugiés dont le nombre dépassait le million. Pendant deux
ans, la Grèce a joué le rôle d'un protecteur paternel, s'ingéniant de
toutes ses forces pour alléger la misère des réfugiés, s'adressant même
à des emprunts extérieurs pour remplir un devoir humanitaire. La
Grèce, par ce fait, a droit à la reconnaissance de l'Arménie qui saura
se souvenir, à l'occasion, de ce beau geste d'un sincère ami qui ne
nous a pas abandonnés dans notre grande infortune..
Au Congrès de la Paix, le grand homme d'Etat, M. Elefteros Veni-
zelos, a défendu la cause arménienne avec plus d'ardeur et plus d'au–
torité que les délégués arméniens eux-mêmes ; il mettait à la dispo–
sition des Arméniens 25.000 soldats grecs pour assurer la possession
de la Cilicie à l'Arménie; mais malheureusement, il n'a pas dépendu
de lui que ce désir devînt une réalité.
La Délégation arménienne, au lieu de profiter de cette excellente
disposition de la Grèce envers l'Arménie, et de se consacrer à des
organisations sérieuses, croyait avoir tout fait en donnant un banquet
en l'honneur de M. VerJz^los à Paris, versant quelques coupes de
Champagne pour célébrer théoriquement la fraternité gréco-armé–
nienne.
Pendant la guerre gréco-turque, des milliers d'Arméniens s'enrô–
laient sous les drapeaux heléniques ; le général arménien Torcom
formait sa Légion arménienne; la Délégation, au lieu de l'encourager
et de se livrer à une organisation systématique, concluant une conven–
tion avec la Grèce, ne craignait pas de désavouer ces enrôlements et
amoindrir le prestige du général Torcom en le déclarant fou, dans une
presse à sa "dévotion. A notre avis, ce n'est sûrement pas le général
Torcom qui était fou, c'étaient les membres de la Délégation qui
Fonds A.R.A.M