conduite néfaste qui nous oblige à lever encore le voile qui couvrait le
mystère des désastres de la Grande-Arménie.
Après la chute du gouvernement de Kérensky, les Bolcheviks ar r i –
vent au pouvoir : Lénine, désireux de s'entendre avec l'Arménie, da i –
gne demander au gouvernement arménien de l'époque d'envoyer une
Commission à Moscou pour régler les questions restant en suspens en–
tre la Russie et l'Arménie. La Turquie, se trouvant en guerre avec la
Grèce, s'était adressée à la médiation de la Russie pour conclure la
paix avec l'Arménie, ce qui lui permettrait de retirer ses troupes de
la frontière arménienne. A l'arrivée de la Commission à Moscou,
M. Tchitcherine, ministre des Affaires Et rangères de Russie, avait fait
tout son possible pour faire accepter par la Commission arménienne
les propositions de paix de la Turquie qui renonçait en faveur de
l'Arménie aux villes suivantes : Van, Bitlis, Mouche, Ardahan, Kars
au besoin Erzeroum.
Khalil Pacha, l'envoyé des Turcs, attendait dans l'antichambre le
résultat de la Conférence de M. Tchitcherine avec la Commission armé–
nienne. Malgré tous les efforts de M. Tchitcherine, la Commission refu–
sait les conditions de paix de la Turquie et réclamait la constitution
d'une Grande-Arménie, par tant de la frontière du Caucase jusqu ' à la
Méditerranée, qui engloberait la Grande et la Petite-Arménie (Cilicie).
En outre, la Commission refusait la prétention de la Russie de faire
passer par son canal la politique extérieure de l'Arménie. M. Tchi tche–
rine, justement indigné devant la réclamation exorbitante d'un petit
peuple, rompt les pourparlers, autorise Khalil Pacha à faire avancer
ses troupes sur le territoire arménien et donne ordre à l'Armée
Rouge d'en faire autant ; au bout de quelques jours, les armées combi–
nées russo-turques envahissent l'Arménie ; la forteresse de Khars
tombe entre les mains des Turcs . Heureusement pour nous, la présence
des Russes empêche les Turcs de donner libre cours à leurs desseins
criminels. Avec la défaite de la petite armée arménienne, nous renon–
çons aux villes de Van, Bitlis, Mouche, Ardahan et Kars et nous
acceptons toutes les conditions que les Turcs ont voulu nous imposer,
conditions qui pourraient être beaucoup plus dures si la Russie se
trouvait absente.
Maintenant, il serait curieux de savoir à quel mobile obéissait la
diplomatie arménienne, en prenant une attitude si ar rogant e et si fan–
faronne devant une grande puissance
comme
la Russie, dont le moin–
dre geste hostile était néfaste pour l'Arménie. C'est ici qu ' ent re en jeu
le machiavélisme de la diplomatie anglaise.. Qu ' impor tai t aux malins
diplomates du Foreign-Office que l'Arménie soit écrasée si cet anéan–
tissement pouvait servir lès intérêts de la perfide Albion contre son
antagoni s te la Russie ? La diplomatie arménienne, inspirée et encou-
gée par le Foreign-Office, a eu la ridicule prétention de traiter d'égale
à égale avec une puissance dont la protection était implorée même par
Fonds A.R.A.M