L'existence de la Petite République arménienne, 1.500.000 hab i –
tants, nous la devons sans aucune contestation à la générosité de la
Russie. La situation géographique de l'Arménie nous place au Cau –
case, à la frontière de cette grande puissance sans l'appui et la prot ec–
tion de laquelle nous serions à la merci des voisins qui nous en t ou r en t
La Géorgie jalouse nous envie, l'Azerbedjan musulmane, travaillée
par les émissaires turcs, nous guette. La Perse amie ne peut pas nous
être d'une grande utilité, par le manque d'une organisation militaire;
quant à la Turquie, elle n'attend qu ' une occasion propice pour complé–
ter son œuvre de destruction et faire de l'Arménie une proie facile à sa
convoitise. La présence seule de la Russie à notre frontière tient nos
voisins en respect. Si par malheur la Russie nous abandonnai t , l'Armé–
nie serait envahie immédiatement et détruite en peu de temps. Voila
la réalité. Cette situation nous commande d'attacher notre sort à celui
de notre grande amie la Russie, c'est pourquoi nous sommes obligés
de suivre la directive et la politique de nos alliés naturel s ; l'instinct de
conservation doit être le seul souci des dirigeants qui ont la tâche
de conduire les destinées de la patrie arménienne. En dehors de la
Russie, il n'y a pas de salut pour l'Arménie; une fois cette vérité com–
prise, la diplomatie arménienne trouvera devant elle son chemin tout
tracé.
Après les désastres de la guerre, l'Arménie a besoin, plus qu'un aut re
pays, de se recueillir, de panser ses blessures et de se livrer à la recons–
truction de ses régions dévastées. Pendant que le peuple arménien se
livre à ce travail fécond, c'est la Russie qui monte la garde sur sa
frontière. La population de la République arménienne est satisfaite
de son sort, le gouvernement arménien suit une politique très sage
et très prudente envers la Russie et il a pleinement raison.
Quand le feu se déclare dans votre maison, vous vous adressez au
concours et à l'aide de vos voisins, mais non à des gens qui habitent
à des milliers de kilomètres loin de votre demeure et dont l'assistance
ne serait d'aucune utilité pratique pour vous ; la diplomatie armé–
nienne, négligeant cette première précaution, a conduit l'Arménie à sa
ruine et les erreurs du passé ne lui ayant pas servi de leçon, ses laquais
de la diplomatie persistent toujours dans la même erreur, pour le
grand malheur du peuple arménien. C'est cette persistance dans une
Fonds A.R.A.M