M. R a y m o n d Poincaré
Depuis la publication de
l'Aiguillon,
nous avons adopté une ligne
de conduite qui nous interdit de marquer une préférence pour l'un des
partis qui prennent successivement le pouvoir, en mains et conduisent
l'attelage de l'Etat français suivant les principes respectifs de leurs
partis Ce sont des affaires familiales qui se règlent entre Français, et
des Arméniens amis de la France auraient mauvaise grâce à fourrer
leur nez dans une affaire qui ne les regarde pas,
le charbonnier étant
maître chez lui
C'est la belle figure de la France qui nous intéresse avaiït tout.
Dans le passé récent, au seul nom de l'Arménie, mettant une trêve à
leurs dissensions, MM. Albert de Mun et Denys Cochin, Jaurès et de
Pressensé se donnaient fraternellement la main pour la défense du
peuple le plus martyrisé du monde. Quant au présent, nous comptons
des amis éminents dans tous les milieux français; donc, collectivement,
aucun parti en France ne peut être considéré comme hostile à la cause
arménienne.
La faute d'un homme ne peut pas être imputée-à son parti quand
cet homme possède une merveilleuse intelligence et la puissance nar–
cotique d'un vrai prestidigitateur secondé par un habile
commis voya–
geur
qui ferait mordre lés doigts aux mercantis les plus rusés pour
placer les marchandises avariées exportées d'Angora.
Le père de Riquetti de Mirabeau, parlant de son fils, disait :
Mon
fils, marchand de paroles.
Nous ignorons si le grand tribun trouvait
toujours un placement à sa marchandise; en tout cas, nous pouvons
constater qu'il a été dépassé par le grand tribun moderne. Vraiment,
M. Briand a été brillant dans son entreprise cilicienne : Plus de
deux cent mille Arméniens hors de leur patrie, perdant des fortunes
péniblement amassées depuis plusieurs générations et grâce à
M. Briand voués à la mendicité, ce qui n'est pas fait pour élever un
temple de reconnaissance dans les cœurs arméniens pour le grand-
maître de la parole...
Quant à M. Poincaré, nous regrettons que pour le malheur du peuple
arménien, il soit arrivé deux mois trop tard au pouvoir.
Nous avons eu le plaisir de rencontrer, pendant son séjour en
France, l'éminent praticien, le très regretté M. le docteur Constant,
Fonds A.R.A.M