d'Alep à pied,
étant donné le manque de t ranspor t s , se heurtèrent à
un
non possumus
catégorique. Ces 750 hommes se trouvèrent ainsi à
Adana, sans ressources, la plupar t
ayant abandonné leurs
occupati
pour venir
s'engager.
Quelques semaines plus tard, M. le haut-commissaire de la Républi–
que française à Constantinople assurai t le transport, de Cons t ant ino-
ple à Adana, de 600 jeunes gens arméniens, volontaires pour la Légion
arménienne. Le résultat fut le même que pour ceux qui étaient venus
d'Alep.
Alors que, d'une part, on refusait tout nouvel engagement, d ' aut re
par t on profitait des moindres occasions pour diminuer les effectifs
arméniens (épuration, affaire des 16-17 février à Alexandrie, suivie de
la dissolution du 4
e
bataillon, démobilisation anticipée).
On pouvait craindre que les soldats arméniens entrant en Cilicie et
ayant devant les yeux le spectacle de leurs foyers détruits, des ruines
amoncelées, obligés, eux soldats victorieux, d'occuper un pays où, con–
formément aux termes de l'armistice, l'administration turque, avec
tous ses fonctionnaires jeunes-turcs, restait en fonctions, mis en
contact avec ceux qui avaient persécuté, assassiné leurs compatriotes
et qui continuaient à détenir dans leurs harems des femmes arménien–
nes, dans leurs maisons des orphelins arméniens, on eût pu craindre,
disons-nous, que ces soldats, voyant ces crimes impunis et les répara–
tions très timidement envisagées (pour des raisons politiques, sans
doute), ne se laissassent entraîner à des actes de vengeance ou de
représailles.
Au contraire, le soldat arménien, avec une discipline et une sagesse
qui a étonné ses chefs impartiaux et dépourvus d'arrière-pensée poli–
tique, fut simplement une force créatrice d'ordre. C'est ainsi qu'ils ont
mérité, par leur conduite impeccable, l'appréciation la plus élogieuse
du commandement français et du général Allenby; plusieurs chefs
autorisés, qui ont instruit ces soldats ou qui les ont vus de près, comme
le général Bailloud, le commandant Cotté, le commandant Che-
nost, etc., ont rendu à plusieurs reprises hommage à leur esprit de
discipline, à leur patriotisme et à leurs qualités militaires.
Le colonel Brémond, administrateur civil de la Cilicie, dans une
lettre très
récente
écrite de Beyrouth en date du 26 janvier 1919 et
adressé au président de la Délégation nationale arménienne, disait
textuellement que « les troupes arméniennes se tiennent très bien, elles
s'astreignent à la plus stricte bienveillance envers leurs bour reaux dans
le but de ne pa s nuire au nom arménien. Plus je les vois et plus j ' a i
confiance dans l'avenir. » De même M. J. Goût, directeur des Affaires
Politiques d'Asie, au ministère des Affaires Et rangères , dans une ent re–
vue qu'il a eue avec un membre de la Délégation, a formellement
attesté l'attitude irréprochable et disciplinée des légionnaires armé–
niens en Cilicie. Grâce à lui, la paix et la sécurité publiques furent
Fonds A.R.A.M