L I *
avant une grande expérience de ces choses. Je suis absolu–
ment libre de mon temps et de mes actes, n'ai aucune ambi–
tion personnelle autre que celle de terminer ma vie en tra–
vaillant à un idéal comme je l'ai toujours fait d'ailleurs»
(
J.
de M. à A. T., 14 septembre 1916).
«
Enfin le soleil semble se lever sur la Nouvelle Arménie.
Un jour peut-être nous nous retrouverons là-bas, vous com–
posant d'admirables vers dans votre nouvelle patrie, moi,
étudiant les vestiges du passé dans ce pays prodigieux
d'antiquité et de souvenirs»
(
J. de M. à A. T., 24 octobre
1916).
Pourtant, avant même la fin du conflit mondial, i l cons–
tate que la cause est loin d'être gagnée; des indices qui ne
trompent pas, dans les événements qu'il suit attentivement
et qu'il commente dans ses lettres à Tchobanian, montrent
que les politiciens se préparent à abandonner leurs alliés
arméniens:
«
C'est vraiment décourageant l'accueil qu'on reçoit dans
la presse quand on cherche à défendre une juste cause. Les
DÉBATS, l'ACTION FRANÇAISE, l'INFORMATION, la DÉ–
MOCRATIE NOUVELLE, les journaux de Rouen, personne
n'a répondu à notre appel; et même dans l'ÉCLAIR je crois
voir un rafraîchissement, car j'ai envoyé pas mal d'articles
et je ne vois rien. Ce serait à croire qu'il y a un ordre de par–
ler le moins possible de l'Arménie. L'injuste campagne qui a
été faite en Angleterre au sujet de Bakou serait encore un
indice»
(
J. de M. à A. T., 31 octobre 1918).
Après l'armistice, les raisons de craindre et de douter
vont être plus nettes:
«
À
côté de cela je suis stupéfait de voir qu'on n'a pas
désigné de délégué arménien à la Conférence de la Paix. Il y
a une mauvaise volonté occulte contre laquelle on ne sait
vraiment pas comment lutter. Qui exposera les besoins de
l'Arménie? Qui les soutiendra? Quand on parle de l'Armé–
nie, on la couvre de fleurs comme on dépose des couronnes
sur une tombe, mais pas de promesses fermes, pas d'engage–
ments, toujours du vague»
(
J. de M. à A. T., 19 janvier
1919).
PRESENTATION
Fonds A.R.A.M