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LITTERATURE
spécial aux auteurs mentionnés; on le rencontre
également dans les ouvrages de l'âge d'or (Korioun,
Agàthange), soit environ un siècle et demi avant
l'invasion des Arabes en Arménie- Du reste, i l
n'existe aucun témoignage historique — sauf pour
Grigor Magistros — attestant que les écrivains dont
on dit avoir subi l'influence arabe, aient connu l'a–
rabe. N'est-il pas évident que la première condition
pour porter l'empreinte d'une littérature quelconque
est la connaissance de sa langue ? Sous la domina–
tion des califes l'influence arabe ne s'est traduite en
somme que par l'emprunt d'un certain nombre de
vocables arabes.
f) INFLUENCE ARMEN I ENNE
SUR LES LETTRES GEORGIENNES
L'Ibérie (Géorgie), pays situé au nord de l'Ar–
ménie, était liée avec cette dernière par de multiples
liens, religieux, politiques et intellectuels.
L'influence orientale sur la vie spirituelle et la
littérature géorgiennes s'exerça jusque vers la f in
du X
e
siècle, surtout par l'intermédiaire de l'Armé–
nie. On a pu dire non sans raison que cette période
fut celle de l'influence arménienne. La culture chré–
tienne syro-palestinienne pénétra en Géorgie par
l'entremise des missionnaires arméniens. L'Eglise
y fut organisée suivant le type de celle d'Arménie.
Du point de vue hiérarchique, elle était subordonnée
aux catholicos; les traditions, les usages et les règle–
ments ecclésiastiques étaient les mêmes dans les
deux pays. La littérature aussi ne se développa que
grâce à l'influence et au voisinage des Arméniens.
Même après la séparation officielle et hiérarchique
(
vers 607), l'unité des deux Eglises subsista encore,
du moins en ce qui concerne les traditions et les
tendances littéraires. L'influence arménienne dans
la composition, le vocabulaire, la phonétique et la
syntaxe est si manifeste qu'il devient parfois pos–
sible, à l'aide des versions géorgiennes de certains
Fonds A.R.A.M