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la France, oubliant ses propres épreuves, a partagé l'émotion
douloureuse des nations civilisées devant l'horreur des atro–
cités commises contre les Arméniens. Elle a détourné un
moment ses pensées des crimes perpétrés sur son territoire
contre la population civile pour adresser l'hommage de sa
pitié à ces autres martyrs du droit et de la justice. Le Gou–
vernement de la République a tenu dans des circonstances
solennelles à flétrir les crimes des Jeunes-Turcs et à livrer
au jugement de la conscience humaine leur monstrueux pro–
jet d'extermination de toute une race, coupable à leurs yeux
d'avoir aimé le progrès et la civilisation. Les représentants de
la France auprès des Puissances neutres ont été mis en pos–
session de tous les documents qui devaient leur permettre de
faire connaître autour d'eux les événements survenus. Pour
l'honneur de l'humanité, nous devons conserver l'espoir que
les protestations indignées que certaines de ces puissances ont
déjà fait entendre à Constantinople contribueront à soustraire
la Nation Arménienne à de nouveaux attentats.
Pour la première fois, notre pays s'est trouvé impuis–
sant à poursuivre en Turquie sa mission civilisatrice et à
s'y dresser en face de la barbarie de ses gouvernants. I l n'a
laissé passer cependant aucune occasion de donner au peuple
arménien le témoignage de sa pitié et de sa profonde sym–
pathie. Ses escadres ont pu arracher à la mort plus de
5.
ooo fugitifs qui ont été conduits en Egypte où ils ont reçu
un accueil pouvant atténuer la rigueur de leur malheureux
sort.
Le Gouvernement de la République a déjà pris soin de
faire notifier officiellement à la Sublime Porte que les Puis–
sances Alliées tiendront personnellement responsables des
crimes commis tous les membres du Gouvernement Ottoman,
ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués
dans les massacres. Quand l'heure aura sonné des réparations
légitimes, i l ne mettra pas en oubli les douloureuses épreuves
Fonds A.R.A.M