situation désastreuse de Bakou : « Le 2 août, les Turcs sont
arrivés dans le faubourg ouest de la ville. Les chefs bolcheviks
se disposant à partir en laissant la ville, les marins de la flotte
de la Caspienne, avec l'aide de la population, ont organisé la
défense après avoir arrêté les représentants du gouvernement
bolchevik. (...) Les troupes russes et arméniennes, mal en–
cadrées et indisciplinées, sont sans valeur. Les troupes anglaises
sont en quantité insuffisante. Les forces turques sont aussi
médiocres mais, renforcées par des irréguliers musulmans, elles
sont très nombreuses. Bakou est dans une situation de ville
assiégée (21). »
Isolé et privé de nouvelles de Bakou du fait de la défection
de la flotte centre-caspienne passée du côté du Directoire et
qui assurait par mer les communications avec les Soviets,
Lénine demande le 9 août à Staline, qui se trouve sur le front
de la Volga : « Où est Chahoumian ? Qui est à la tête du
gouvernement ? Vous savez que Chahoumian a toute ma
confiance (22). »
Le 12 août, après avoir constaté l'imminence de la rupture
des défenses de Bakou et l'absence d'aide de Moscou, les
bolcheviks décident d'évacuer la ville et s'embarquent sous la
protection des troupes qui leur restent encore fidèles, sur
dix-sept bateaux, dont le
Ivan Kolesnikov
qui a à son bord les
commissaires et leurs familles. Bloqués en mer en raison de la
tempête, ils sont rejoints près de l'île Jiloï par les canonniers de
la flotte centre-caspienne qui les forcent à revenir à Bakou.
Aussitôt débarquées, les troupes bolcheviques sont désarmées
et 35 membres de l'ancien Sovnarkom et du Soviet de Bakou,
comprenant Chahoumian et Djaparidzé, sont arrêtés et in–
carcérés. Accusés de haute trahison, ils doivent passer en
jugement.
Moscou fait une dernière tentative pour sauver Bakou. Le
19
août, Tchitcherine adresse une troisième note à Berlin :
«
Les Turcs poursuivent leur offensive sur Bakou en dépit des
affirmations du gouvernement impérial allemand selon les–
quelles cette ville sera épargnée (23). »
Les appels au secours adressés à Berlin demeurant ineffi–
caces, Moscou essaie l'arme de la séduction. Après un accord
(21)
A.M.A.E.F., Europe-Russie, 1918, 626, f" 147.
(22)
Mneyan, (49), p. 212.
(23)
Documents U.R.S.S.
(113),
vol. I, p. 430.
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Fonds A.R.A.M